Malgré les préjugés à son sujet, le bilinguisme précoce est un véritable atout pour les enfants, sur le plan culturel tout d’abord, mais également d’un point de vue cognitif. Flexibilité mentale, compréhension de son environnement, réactivité du cerveau : zoom sur les capacités développées par les enfants bilingues.

Bilinguisme précoce et bénéfices pour le cerveau

Il y a quelques années, on parlait du bilinguisme précoce comme d’un handicap majeur pour l’enfant dans son développement intellectuel. Il est maintenant reconnu que l’apprentissage simultané de deux langues dès le plus jeune âge est un atout pour les capacités intellectuelles, peu importe les deux langues acquises.

Les retombées d’un tel apprentissage sont constatées sur le plan cognitif et neuropsychologique. En effet, le cerveau d’un enfant bilingue, s’il ne fonctionne pas de la même manière que celui des autres, ne fonctionne pas moins bien pour autant. Il est par exemple beaucoup plus performant dans un environnement bruyant lorsqu’il s’agit de trier et de « sélectionner » différents sons. Le bilinguisme permettrait également d’augmenter la flexibilité mentale du jeune enfant et sa faculté à gérer plusieurs tâches à la fois.

De manière générale, les neuropsychologues considèrent que la maîtrise de deux langages renforce les capacités du système cognitif, responsable des processus impliquant la concentration, la sélection d’informations, les capacités d’adaptation face au changement ou encore l’inhibition.

En pratique, les enfants bilingues font généralement preuve d’une plus grande souplesse intellectuelle et sont mieux préparés, à l’âge adulte, face à l’apparition de troubles de la mémoire comme la maladie d’Alzheimer. Le bilinguisme acquis dès l’enfance permet donc de préserver la jeunesse du cerveau. Cet atout serait dû à la gymnastique mentale constante liée au changement de langue et à la traduction consécutive, qui consiste à traduire un énoncé dans sa langue maternelle, à formuler une réponse et à y répondre dans la langue sollicitée.

Les enfants bilingues, plus lents que les autres dans leur apprentissage ?

Les avantages du bilinguisme précoce sont de plus en plus mis en avant, à l’heure où 19 à 20% des adultes sont bilingues aux États-Unis et en France.

L’enquête « Histoire de vie », menée par la sociologue Alexandra Filhon démontre que la seconde langue acquise n’est d’ailleurs pas forcément une langue étrangère. En effet, 60% des enfants auraient été familiarisés à une langue d’immigration par leurs parents, et 40% des enfants bilingues auraient appris une langue régionale en parallèle au Français.

Ces chiffres relativement faibles du bilinguisme chez l’enfant peuvent s’expliquer par une crainte popularisée par les chercheurs eux-mêmes concernant des lacunes en matière de vocabulaire chez les jeunes individus parlant deux langues. Le spectre de ces lacunes effraie toujours certains parents et enseignants qui craignent un éventuel retard de développement linguistique. S’il est vrai qu’une langue prend toujours l’ascendant sur l’autre, poussant l’enfant à chercher ses mots ou à substituer un idiome à l’autre, la confusion n’est que passagère, comme lorsque l’on fait un séjour à l’étranger et qu’il faut se réacclimater à sa propre langue en rentrant.

L’acquisition d’un vocabulaire plus riche et des automatismes de grammaire et de conjugaison, s’ils ont lieu un peu plus tard pour les enfants bilingues, sont tout de même assimilés sans que cela ne soit un handicap ou une difficulté sur la durée. En outre, ce mélange de langues n’est pas systématique, puisqu’il existe autant de styles d’apprentissage que d’enfants. Il faut cependant noter que pour limiter les difficultés d’assimilation, il est conseillé d’enseigner un nouveau langage entre la naissance et 7 ans, tranche d’âge durant laquelle les structures du cerveau sont les plus flexibles.