Le cadre européen des langues, aussi appelé Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) est un document produit en 2001 par le Conseil de l’Europe afin de définir des niveaux de maîtrise d’une langue étrangère selon des critères prédéfinis. Ces barèmes, mis en application dans de nombreux pays et pour de nombreuses langues, ont-ils permis de faire évoluer l’apprentissage ? Quels sont leurs avantages et leurs limites, 15 ans après leur mise en application ?

Le cadre européen des langues : qu’est-ce que c’est ?

Comme son nom l’indique, le cadre européen des langues est un cadre de référence permettant de normaliser l’apprentissage linguistique d’un pays à l’autre. Fruit de vingt ans de recherche, son objectif est de fournir une base transparente, cohérente et exhaustive pour élaborer les programmes d’apprentissage des langues étrangères, fournir une base d’enseignement et permettre l’évaluation des compétences. Utilisé en Europe, il s’est également développé sur les autres continents et est aujourd’hui disponible en 39 langues.

Une échelle de compétence à six niveaux

Le CECRL définit les compétences en langues étrangères selon une échelle à six paliers :

  • A1 = introductif ou découverte, correspondant à l’école élémentaire ;
  • A2 = intermédiaire ou usuel, niveau visé au collège ;
  • B1 = niveau seuil, palier correspondant à la fin du collège ;
  • B2 = avancé ou indépendant, correspondant au niveau baccalauréat ;
  • C1 = autonome ;
  • C2 = maîtrise ; ces deux derniers paliers sanctionnent un niveau expérimenté, atteint lors d’études supérieures par exemple.

Trois niveaux intermédiaires, A2+, B1+ et B2+ ont également été créés pour nuancer cette graduation.

Un outil transversal et porté sur la mobilité

Basé sur une large consultation couplée à une recherche empirique, cette échelle est transversale à toutes les langues enseignées et s’applique aussi bien à l’anglais qu’à l’espagnol, au chinois, au portugais ou au russe par exemple. Il est ainsi possible de comparer des tests et examens d’une langue à une autre, et de procéder à la reconnaissance mutuelle de certifications en langues, simplifiant de cette manière la mobilité éducative et professionnelle. En France, le cadre européen des langues est utilisé dans le code de l’éducation pour les élèves de primaire, collège et lycée, et sert aussi de référentiel dans certaines entreprises.

Il faut noter toutefois qu’à ce jour, aucun test européen commun à tous les pays, du type TOEFL ou TOEIC, n’a été mis en place.

Une évaluation des connaissances concrètes

L’échelle appliquée évalue les savoir-faire des élèves, les « can do’s », dans différentes sphères de compétences : compréhension écrite et orale, expression écrite et orale, ainsi que l’interaction en communication ou la médiation, par le biais d’exercices de traduction et d’interprétation.

Un cadre européen des langues parfait… ou presque ?

Le cadre européen des langues tel qu’il a été défini en 2001 apporte de nombreux avantages. « Socle commun » pour l’enseignement, il fixe les objectifs à atteindre en fonction du niveau d’études, quelle que soit la langue étudiée à travers le monde. S’il a largement contribué à simplifier les échanges scolaires et professionnels à l’étranger, ce cadre d’apprentissage des langues comporte aussi quelques faiblesses.

Dans le cadre d’une conférence intitulée « Faut-il appliquer le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) », Francis Goullier, Inspecteur général de l’éducation nationale (IGEN) spécialisé en langues, estime qu’un enseignant n’a qu’une chose à appliquer : il s’agit du programme scolaire, et non pas des cadres. Des programmes construits en référence au cadre que l’enseignant doit s’approprier, pour être autonome et avoir un œil critique sur les réussites et les failles du dispositif.

« Si nous utilisons le cadre pour nos propres besoins, il faut avoir conscience que le cadre est un outil commun au niveau européen », ajoute Francis Goullier, précisant que le système éducatif français est responsable de l’usage qui est fait de ce cadre. L’échelle mise en place doit être contextualisée et ne pas être dévaluée ou « bradée » dans le seul but d’atteindre le niveau B2, correspondant à un niveau avancé. Le conférencier ajoute que des DVD sont mis à la disposition des enseignants de langues pour analyser les attentes réelles, à l’écrit et à l’oral, des niveaux A1 à B2.

Francis Goullier met également en avant les perspectives ouvertes par le cadre européen des langues et trop peu exploitées. Les enseignants ne doivent pas se limiter aux exigences de ce cadre mais se projeter plus loin pour développer l’autonomie des apprenants, et pas seulement leurs compétences. L’objectif est avant tout de les préparer à enrichir leur apprentissage tout au long de leur vie, à susciter leur curiosité et leur envie d’apprendre en général. À terme, l’élève doit développer son goût de la diversité, du plurilinguisme grâce à l’enseignement qui lui a été dispensé. En somme, au-delà d’enseigner une langue, le professeur doit transmettre le goût d’apprendre, de développer ses connaissances et de les étendre à d’autres langues.

L’outil, imparfait et incomplet selon le conférencier, a le mérite d’offrir une opportunité d’échanger, de critiquer les choix effectués pour l’enrichir et progresser dans la manière d’enseigner.

 

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