Langue klingon, elfique, sindarin, na’vi…Ces langues ne sont parlées dans aucun pays existant (sur cette planète, en tout cas), mais pourtant, elles existent.
Inventés de toutes pièces par les auteurs de fiction, elles apportent une touche réaliste à des univers fantastiques, et font le bonheur des fans inconditionnels qui les apprennent comme on apprend l’anglais ou l’espagnol. Mais peut-on parler de langages à part entière ?

Les langues imaginaires, part de réalisme dans le fantastique

Quel est le point commun entre Star Wars, Star Trek, Harry Potter ou encore Le seigneur des anneaux ? En plus d’un univers fantastique très travaillé, chacun de ces films développe sa propre langue imaginaire, inventée de A à Z par les auteurs de la fiction.

Comment naissent les langues fictives ?

Ces langages ont vu le jour afin d’apporter une touche supplémentaire de crédibilité à des mondes totalement fictifs. En effet, difficile d’imaginer que certains personnages de Star Wars, à des milliers d’années-lumière de notre planète, communiquent entre eux dans un anglais parfait.

Poussant le réalisme à l’obsession, les auteurs et réalisateurs recrutent des linguistes spécialisés, appelés « conlangers » qui, forts de leurs connaissances dans une multitude de langages, réussissent la prouesse de créer une langue avec ses mots, sa syntaxe, sa grammaire et sa conjugaison, voire son alphabet comme c’est le cas pour la langue elfique par exemple. Et ça marche : certains fans vont jusqu’à apprendre ces langages pour s’imprégner un peu plus de l’univers de leur film fétiche.

On dénombre des dizaines de langues imaginaires. Parmi les plus connues, on peut citer le sindarin, créé par J.R.R. Tolkien pour Le seigneur des anneaux et véritable pionnier du genre. D’autres langages sont ensuite venus grossir les rangs :

  • Le na’vi, parlé par les habitants de la planète Pandora dans Avatar ;
  • Le klingon, entendu dans Star Trek et maîtrisé par une vingtaine de personnes au monde ;
  • L’huttish dans Star Wars, parmi d’autres langues fictives de la saga,
  • Le fourchelang, la langue des serpents dans Harry Potter.

Les séries n’ont pas échappé au phénomène : les amateurs du genre ont ainsi pu se familiariser avec le dothraki entendu dans Game of Thrones et ont même la possibilité de l’apprendre, grâce à une méthode commercialisée.

Un business à part entière

Les auteurs et réalisateurs de fiction ne s’y sont pas trompés : en plus de renforcer la magie de leurs œuvres, ces langages représentent un marché à part entière. Livres, cours en ligne, applications mobiles et tablettes dédiées à l’apprentissage du dothraki, marque de bière et Monopoly pour le klingon : les fans s’arrachent les produits dérivés qui les rapprochent de leur œuvre favorite et renforcent leur sentiment d’appartenance à une communauté.

Les langues imaginaires, des langues vivantes comme les autres?

Un alphabet, une grammaire, des règles de conjugaison, des locuteurs…Peut-on considérer que les langues imaginaires sont devenues des langues vivantes à part entière ? Pour trouver une réponse à la question, il faut d’abord se pencher sur la question « Qu’est-ce qu’une langue ? ».

Par définition, une langue est « un système évolutif de signes linguistiques, vocaux, graphiques et gestuels », qui permettent à des individus de communiquer entre eux. D’un point de vue sociolinguistique, la langue remplit deux fonctions fondamentales : la communication et l’identification à un groupe. Elles sont donc soumises à des variations, des transformations, des adaptations au fil des années et des évolutions sociales, géographiques et démographiques de ses locuteurs. Les langues sont « vivantes ».

On considère que la plupart des langues parlées dans le monde sont des langues « naturelles », dérivées de langues antérieures et/ou d’emprunts à d’autres langues. Au contraire, on appelle « langues artificielles » les langues issues d’une création normative. C’est le cas par exemple de l’espéranto, une langue construite et comptant des locuteurs dans 120 pays. C’est aussi le cas des langues imaginaires, comme l’elfique ou la langue klingon. Car si elles sont nées à partir d’une fiction, leur grammaire, leur conjugaison, leur alphabet ont évolué au delà de l’œuvre dont elles sont issues. Par ailleurs, elles comptent sur leur communauté de locuteurs qui ont appris les rudiments de la langue et peuvent ainsi communiquer entre eux et s’identifier à un groupe.

En ce sens, on peut donc estimer que les langues imaginaires sont des langues vivantes, puisqu’elles répondent à des règles et à une structure bien précises, évoluent et sont parlées à travers le monde. De là à imaginer qu’elles soient enseignées dans nos écoles…