Avoir des choses à dire, et ne pas être pris au sérieux : c’est le lot de beaucoup d’adolescents. À Champigny-sur-Marne, le collège Elsa Triolet a mis en place un club débat pour des élèves de troisième, l’occasion pour eux de prendre la parole et de se confronter à celle des autres.

À vos arguments – Prêts ? Débattez !

L’amitié filles-garçon, le droit de vote aux mineurs, l’argent… Ils ont des questions, des avis, des préoccupations multiples, mais pas toujours le loisir de les exprimer :

« On dit que la vérité sort de la bouche des enfants, alors qu’on n’écoute pas les enfants… »
« On pourra pas m’empêcher de parler… je parle trop, je parle fort, mais… on peut me le dire mille fois je vais pas m’arrêter de parler »

Au cours des débats, ils accèdent non seulement à cette parole qu’on néglige, mais apprennent à écouter celle des autres : à ceux qui coupent la parole, on retire des points, à ceux qui insultent, même combat. La peur de se tromper, la timidité, un certain embarras à l’idée de mal s’exprimer – autant d’appréhensions qui sembleront familières à beaucoup d’adultes, mais qui sont vaincues pas à pas :

« On ne se juge pas, on ne se critique pas »

Qui a dit que la jeunesse ne se sentait pas concernée ? Les débatteurs en question se prennent tellement au jeu que les sujets alimentent les discussions à la sortie, entre amis, en famille.
Leur incrédulité, quand on leur demande de défendre une position qui n’est pas la leur, est vite dépassée : il s’agit de se mettre à la place de l’autre, d’essayer de comprendre ce qui l’amène à ne pas penser comme soi, plutôt que d’imposer ses idées coûte que coûte. Parfois, dans l’effervescence, un coup de colère. Souvent, avant une objection, un sourire mutin.

« J’ai senti le changement : quand on écoute plus, on réfléchit plus. »

Ils sont étonnants, lucides autant qu’espiègles – à vrai dire, ils ont beaucoup à nous apprendre. À bon entendeur…

Voir le film

 

Laure Gamaury