Alex Rawlings est un homme très occupé. Quand il ne passe pas la majeure partie de son temps libre à voyager, à écrire des livres ou à apprendre de nouvelles langues, il co-organise la Polyglot Conference avec Richard Simcott et Alexander Arguelles. La Polyglot Conference 2018 pose ses valises dans les Balkans, en Slovénie du vendredi 26 octobre au dimanche 28 octobre, dans le cadre enchanteur de sa capitale, Ljubljana. Alex nous explique pourquoi il est très impatient d’y retrouver les fidèles de la manifestation et de nouveaux participants, le tout avec un humour qui n’appartient qu’à lui.

Pour commencer, revenons en arrière et parlons de la précédente édition à Reykjavík. Quel est ton sentiment sur ce millésime ?

J’ai beaucoup apprécié Reykjavík. En tant qu’organisateur, chaque année la Polyglot Conference a quelque chose de spécial à m’offrir. L’année dernière, c’était marcher en bord de mer et admirer le soleil se lever sur les montagnes au petit matin, voir les ombres se projeter sur les visages pendant nos pauses à l’extraordinaire Harpa, et tomber sur une aurore boréale en pleine nuit alors que je rentrais à mon appartement. L’Islande était vraiment un endroit magique pour la Conference, et cette destination a vraiment ensorcelé tout le monde. Elle nous a tous beaucoup inspirés.

Ce fut un grand succès, mais à titre personnel j’étais un peu déçu de voir si peu d’Islandais présents (sauf en ce qui concerne les conférenciers). Est-ce que tu fais le même constat et comment tu l’expliques ?

Il y avait légèrement moins d’Islandais que nous aurions espéré, mais cela s’explique par un certain nombre de raisons. Malheureusement, le gouvernement islandais avait décidé d’organiser des élections en même temps que notre événement et, dans un pays où la population ne représente qu’environ 5% de Londres, au moment des élections tout le monde se sent investi. S’ils ne se présentaient pas eux-mêmes, tout le monde connaissait un ou une candidate, et chacun était occupé à faire campagne. L’autre point à rappeler, c’est que, étant la modeste population islandaise, si on ramène le nombre de particpants à la population, on a à peu près la même proportion de locaux qu’en Grèce. A ce sujet, j’étais particulièrement ravi de voir tant de Grecs faire le déplacement en Islande après leur participation à Thessalonique. Une des choses qui me fait le plus plaisir concernant la PC, c’est que nous avons l’impression d’être un bus qui fait une tournée à travers le monde et qui ramasse au passage toutes les personnes qui aiment les langues, lesquelles deviennent de très bons amis.

Ainsi, la Conference 2018 à Ljubljana s’avance. Mais d’ailleurs… pourquoi la Slovénie ?

Pour de nombreuses raisons. Après avoir emmené la Conference sur une île au beau milieu de l’Atlantique nord l’année dernière, nous voulions cette fois-ci que la conference soit dans un endroit un peu plus accessible pour les Européens. La Slovénie est en plein cœur de l’Europe. C’est aussi un pays dont la beauté est à couper le souffle. J’attends toujours la photo du lac de Bled qui saura rendre justice à l’expérience de contempler le magnifique reflet des montagnes enneigées qui l’entourent. Il y a même un mot hongrois pour cela, tükörsima, qui désigne ce reflet parfait des paysages dans l’eau. Du coup, cela m’amène à la deuxième raison : la Slovénie est un pays multilingue. Comme les Slovènes, il ya des personnes dans ce pays qui parlent le hongrois, l’allemand, le croate, le romani, l’italien et bien d’autres langues passionnantes… Oh, et après Reyjkavík, où chacun devait hypothéquer sa maison à chaque fois qu’il voulait se payer une bière, on s’est dit que les conférenciers apprécieraient les prix à Ljubljana. De plus, nous aimons bien organiser des Conferences dans des villes dont le nom est notoirement difficile à prononcer.

Dis-nous en davantage au sujet du Grand Hotel Union, qui a l’air d’être vraiment charmant.

Richard et moi sommes tombés littéralement amoureux du Grand Hotel Union. Si Wes Anderson faisait un film sur des personnes qui aiment apprendre des langues obscures et se réunir en convention chaque année, c’est sans doute là qu’il le ferait. Cet endroit offre de nombreuses possibilités pour faire des selfies décadents dans des escaliers, le tout sous la surveillance de lustres vraiment opulents. Qui plus est, l’hôtel se trouve au cœur de Ljubljana.

La Polyglot Conference commence le vendredi matin avec un événement un peu différent.

Je suis très excité par cet événement du vendredi. Cet événement marque un changement par rapport aux éditions précédentes. Cette nouveauté du vendredi est de réunir des experts polyglottes afin qu’ils puissent donner leurs astuces et leurs conseils à tous ceux qui souhaitent bénéficier de leur expérience. Il y aura, tout au long de la journée, de courtes présentations, des sessions interactives et des tables rondes. Nous sommes ravis de l’accueil qui a été réservé à cette initiative jusqu’à présent ! Nous allons tous apprendre beaucoup et beaucoup nous amuser tous ensemble !

Quels sont les thèmes retenus pour les interventions de cette année ?

Notre thème global cette année, c’est la diversité. Les polyglottes forment un groupe de personnes très divers qui viennent de chaque pays sur terre. Nous voulions célébrer cela avec des conférences qui soulignent cette dimension. Nous aurons également des interventions qui célèbreront plus spécifiquement la Slovénie et les langues de la région. J’ai aussi un scoop pour cet entretien : je vais, pour la première fois dans l’histoire de la Polyglot Conference, faire une intervention également ! Vous pourrez en découvrir davantage bientôt sur notre site www.polyglotconference.com

Qu’est-ce que tu attends de cette édition ? As-tu un message particulier à faire passer ?

Je pense que Ljubljana va être la meilleure conférence jusqu’à présent. Le programme est varié et intéressant, il présente de nombreux ateliers où tu peux apprendre des choses sur les langues, ou développer de nouvelles compétences. La ville est d’une taille idéale pour flâner en soirée et tomber sur des visages familiers dans les bars (on est d’accord, la Conference ce n’est pas seulement cela, mais bon…). J’ai hâte qu’on y soit, j’ai hâte de respirer l’air frais des montagnes et de célébrer le multilinguisme avec des amis anciens et nouveaux. Mais pourquoi ça ne commence pas tout de suite ?

Entretien réalisé par Nicolas Ragonneau en juillet 2018.

www.polyglotconference.com